**Vouloir le rien, ne rien vouloir
Nietzsche dit en substance que l’homme préfère « vouloir le rien » à « ne rien vouloir ». C’est pourquoi le nihilisme désigne aussi bien une fureur destructrice (vouloir le rien) qu’une profonde dépression ; le nihilisme anarchiste est explosif, le bouddhiste serein – zen. On l’associe à l’athéisme radical, mais la contemplation de l’absolu tend aussi à ravaler ce qui est (ici-bas) au moins que rien. On s’y convertit donc pour des raisons diamétralement opposées, et le terroriste se voit comme le dernier résistant au nihilisme contemporain, dans un monde qui ne croit plus à rien.
**Tout est permis
Nietzsche, pour sa part, attribue le viril slogan « rien n’est vrai est tout est permis » (la devise même du nihilisme selon Dostoïevski et « point de départ de l’existentialisme » selon Sartre) au fondateur de la secte chiite ismaélienne des Assassins (XIe siècle), grands consommateurs de haschich, paraît-il.
« Lorsque les croisés chrétiens se heurtèrent en Orient à l’invincible ordre des Assassins, cet ordre d’esprits libres par excellence dont les grades les plus bas vivaient dans une obéissance qu’aucun ordre monastique n’a égalée, ils reçurent par quelque voie une indication sur le symbole et la devise qui étaient réservés aux seuls grades supérieurs comme leur secret : “rien n’est vrai, tout est permis”… Voilà, par exemple qui était de la liberté de l’esprit, cette formule congédiait la foi même en la vérité [1]. »
**Dernier homme…
On est loin du paisible « bobo » occidental, lequel ressemble plutôt au « dernier homme » décrit par le même Nietzsche dans le prologue de Zarathoustra. Et le même slogan est aujourd’hui recyclé par un jeu vidéo très populaire, Assassin’s Creed, le Credo de l’Assassin : on peut imaginer que des jeunes gens s’y sont exercés avant de se « radicaliser », ou même après, pour s’entraîner…