Mais avant, c’était quand ? Et de quoi parle-t-on au juste ? Des corps, de l’âme ou de l’esprit ?
Pour ce qui est de l’« espérance de vie en bonne santé », pour sûr, c’est mieux aujourd’hui. Mais déjà pour ce qui est de la nourriture, ça se discute…
Et pour les choses de l’esprit, ça se discute aussi… Vous êtes sûr que Raphaël Einthoven pense mieux que Platon ou Pascal ?
Et quant à l’âme… Pourquoi ces nostalgies, le vintage et la rétromanie ? Pourquoi cette présence opiniâtre du Moyen Age dans nos fictions ? Pourquoi le récit politique multiplie-t-il flash-back et recyclages.
Pourquoi notre prétendu « présentisme » souffre-t-il d’une telle inflation mémorielle ?
Plutôt que de parler de retards, de retours, de réactions « réactionnaires » (point de vue progressiste) ou de prétendre que c’était mieux avant, sans autre précision (point de vue réactionnaire), il vaudrait mieux admettre qu’on vit dans plusieurs temporalités comme on vit dans différents espaces, en sélectionnant ce qui « fait du bien » (ou du mal, c’est tout comme, pourvu qu’on en jouisse), parce qu’on est doté d’une mémoire, étendue par les dispositifs médiologiques qui offrent l’accès à un patrimoine historique, littéraire, etc.
Le mot clé c’est anachronisme, à condition de ne pas lui donner un sens péjoratif.
En attendant, une infinité de choses étaient mieux, beaucoup mieux, avant ! Exemples : le bac et les rédactions des élèves de 3e, Notre-Dame, la littérature (en général), le cinéma français, Michel Serres et Edgar Morin, Jane Birkin…
Cloître. « Il faudra bientôt construire des cloîtres rigoureusement isolés où ni les feuilles ni les ondes n’entreront…. On y méprisera la vitesse, le nombre, les effets de masse, de surprise, de contraste, de nouveauté et de crédulité. C’est là qu’à certains jours on ira, à travers les grilles, considérer quelques spécimens d’hommes libres » (Paul Valéry)
« Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie » (Anatole France).