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Catéchisme

« Comptez les femmes ! »

Les Muses sont-elles misogynes ?

par Paul Soriano

25 avril 2021, modifié le 30 juin 2024

Toute profession, toute activité est désormais soumise à cette injonction destinée à mesurer l’écart à la stricte parité.

Ce matin encore, sur France Musique, on s’interroge : combien de femmes compositrices, ou cheffes d’orchestre ?

Les Muses, qui sont femmes pourtant, seraient-elle misogynes ? La réponse est OUI, mais inégalement.

La dénommée Euterpe (pour la musique, qui doit son nom aux muses, justement), se montre en effet particulièrement ingrate avec ses sœurs. Seules les instrumentistes sont un peu mieux loties, parfois même majoritaires (harpistes ?). Côté chant, où Melpomène et Calliope (« qui a une belle voix ») prennent le relais d’Euterpe, il semble même que la diva ait un statut un peu supérieur à celui de ses collègues mâles (pas de « divo »).

Calliope et Érato (poésie, que nous étendrons à la littérature en général) se montrent nettement plus solidaires, mais sans parvenir pour autant à la parité… En philosophie, la disproportion reste affligeante, mais du moins peut-on citer des exceptions, et de très haut vol : Hannah Arendt et Simone Weil, ou bien Barbara Cassin (de l’Académie française).

À noter que la médiologie fait beaucoup mieux : environ un tiers de dames, selon nos évaluations – malheureusement, le blog des médiologues ne confirme pas ces bonnes dispositions…

Reste ce mystère : pourquoi diable la musique serait-elle plus misogyne encore que la littérature ? Parce que l’écrasante majorité des lecteurs de fiction sont des lectrices ?

On se consolera (ou pas) en rappelant que des disciplines privées de muses font bien pire… C’est le cas, entre autres, de l’informatique, en dépit d’Ada Lovelace, « inventrice du 1er programme informatique » (d’où le langage ADA) nous assure France Bleu dans sa série « libres, modernes, géniales, elles ont changé le monde ».
Oui, mais combien de hackeuses ? Pratiquement aucune, sauf au cinéma et dans les séries télé, où le casting responsable a permis de corriger un peu le tir. Alors, à défaut de pouvoir encore évoquer la compétence ou le talent, on se rabat piteusement sur la « motivation » : seuls de jeunes mâles, certains à demi autistes, seraient passionnés par le hacking ; une espèce d’addiction en somme, où la parité n’est pas nécessairement gratifiante pour les intéressées…

Moralité : encore un effort, les filles !

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