Il est devenu très difficile de chasser les vérités reçues : vraies ou fausses, elles ont été exterminées. Il en reste encore quelques-unes, les plus résistantes forcément, dont celle-ci : nous vivons à l’ère de l’information en continu – une fake news assurément.
La monoculture affecte gravement notre monde : le soja dans les champs, le conformisme dans la idées, et le marronnier dans les médias. L’info-diversité est tout aussi menacée que la bio-diversité : on ne la célèbre tant (la diversité) que parce qu’elle est en train de disparaître – de même, on a motif de s’inquiéter pour la liberté, l’égalité, la fraternité, l’identité, etc. : une société qui honore sérieusement une valeur ou une vertu n’a pas besoin de l’appeler sans cesse à la rescousse : elle va de soi.
Un signe qui ne trompe pas : quand on appelle à la « diversité » dans les médias, on ne parle pas d’information ou d’opinion, mais de la couleur de peau, du genre ou des mœurs du journaliste, et la bouillie est toujours la même.
Plus d’information à proprement parler – la notion même d’ « information en continu » est une contradiction dans les termes. RAS, donc, sinon des notifications sur le smartphone, des injonctions (faites ceci, ne dites pas cela, toussez dans votre coude (les recommandations du ministère de la santé s’inscrivent parfaitement dans le bulletin périodique), etc. ; et, bien entendu, des commentaires à n’en plus finir : s’il est une profession ou une fonction dont les effectifs ont explosé au cours des dernières années, c’est bien celle de commentateur : naguère cantonnée dans les médias, les réseaux sociaux l’ont rendue accessible à tout un chacun.
Ce billet n’échappe pas à la règle, sinon qu’il est peut-être un peu plus original, avec juste quelques redites pour enfoncer le clou, et qu’il s’offre le luxe de se commenter lui-même, élogieusement.
Diversité ? On a déjà relevé ici combien l’anticonformisme de l’époque est presque toujours l’expression d’un conformisme désespérant, d’autant que les débats, ou plutôt les prêches quotidiens, ne portent que sur un nombre très restreint de thèmes récurrents : genre (néo-féminisme), LGBT-X, multi-Y et, désormais, écologisme…
Les révoltes et les insurrections se font au nom de valeurs qui sont aussi proclamées par l’ensemble de la société, mais le toujours-plus l’emporte sur le changement maintenant : quand une potion (communisme, libéralisme, etc.) ne guérit pas le malade, on n’en change pas, on double la dose ; l’Union ne va pas fort ? Il faut « plus d’Europe » !
On a souligné dans un précédent billet que le mouvement politique planétaire le plus commenté n’est qu’un avatar du vieil anti-occidentalisme (rebaptisé anti-Blanc), victimisé, viralisé et hystérisé par les réseaux sociaux…
Quant à la Covid-19, elle s’inscrit dans une assez longue série de pandémies, et on aura bientôt du mal à faire le compte des confinements/déconfinements.
La culture du scoop est une culture de l’ennui à ceci près qu’elle se manifeste désormais de manière hystérique, à très haute fréquence (de répétition).
Quand le temps était vectorisé par le Progrès, on pouvait encore espérer du neuf, des lendemains qui chantent ou qui pleurent mais du moins des lendemains… A la place, nous avons des jours sans fin, comme dans le film Groundhog Day (le Jour de la marmotte, 1993).
Aux siècles du Progrès succède le temps du recyclage et des remake, du rabâchage et du « néo- », et cela dans un seul (et même) monde, désormais : à l’Ouest, rien de nouveau ! Comme dans Le Guépard, les vrais conservateurs sont à la fête : tout change tout le temps, mais c’est pour que rien ne change.
Face à ce désespérant constat, un seul mot d’ordre : progressistes de tous les pays, recyclez-vous !