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Homo creator

D’Homo Creator à Machina Sapiens

Histoire d’un faiseur d’histoires

par Paul Soriano

17 mai 2021, modifié le 7 septembre 2024

Au départ, une créature plutôt mal équipée, un singe nu qui doit s’habiller ; mais, du coup, il se pare et va bientôt se coiffer d’un « couvre-chef » fabriqué par ses soins, l’appeler « couronne » et nommer « roi » celui qui la porte. Il invente du même coup le « politique » pour compenser son manque d’instincts sociaux...

Car Homo creator ne se contente pas d’émettre des sons, il parle et se raconte des histoires qui le mettent en scène, lui et ses créatures, réelles, symboliques ou imaginaires, dans toutes sortes de discours

Mais surtout, Homo Creator se crée lui-même : self made man. Un animal quelconque devient ainsi un « je », un « sujet conscient de soi » doté d’une biographie ; réunis, ils forment des « peuples » et des « nations », dotés d’une histoire, et tendent furieusement à s’affronter…

Créateur de soi, Homo creator entend s’affranchir de tout ce qu’il n’a pas créé lui-même : d’où la technologie (l’idéologie de la technique), la philosophie « idéaliste » (le monde n’est que ma volonté et ma représentation), l’art pour l’art et pour finir, le « monde virtuel »…

Si l’homme est une machine, alors l’industrie devrait pouvoir la produire. On dépense beaucoup d’ingéniosité (et d’argent) pour fabriquer un être intelligent, ce que n’importe quel couple en âge de procréer peut engendrer à peu de frais, en y prenant du plaisir… C’est l’inversion du Credo : factum non genitum. Mais l’artiste ne fabrique pas ses drôles de machines (Tinguely), il les crée : nuance !

Homo ira jusqu’à nier Deus Creator, pire, en faire sa créature ; pas étonnant que Dieu s’en soit offusqué

Dieu ou la Nature ? Dans ce monde humain peuplé de machines dévoreuses d’énergie, les « ressources naturelles » viennent à manquer. Elles sont pourtant de plus en plus intelligentes, ces machines ; si bien que le Verbe créateur, affranchi de tout référent réel (des signes à la place des choses), le cède au Code, au langage-machine

En résumé : une créature se prend pour un créateur et se trouve à la fin supplantée à son tour par sa propre créature : Dieu est mort, dit l’homme ; l’homme est mort, dit la machine.

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