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Homo creator

Médiologie de la Genèse

... et genèse de la médiologie

par Paul Soriano

15 octobre 2021, modifié le 7 septembre 2024

Dieu dit « que la lumière soit » et aussitôt la lumière brille, comme si ses mots avaient agi par eux-mêmes.

« L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme ». (Genèse, 2.19).

Et l’homme, créé à l’image de Dieu, n’est pas loin d’en faire autant.

Un enfant facétieux, rentrant du catéchisme, dit : « que la lumière soit », il actionne l’interrupteur et aussitôt la lumière brille, en effet.
Pendant ce temps, le papa du garnement qui préside l’association des boulistes locaux, déclare : « la séance est levée » et tout le monde se lève, illico.

L’homme, à l’image de Dieu, produit avec des mots, des effets spectaculaires dans le monde. Mais la création humaine requiert des institutions (l’association) et de la technique (l’interrupteur) : des « médiations », d’où la médiologie.

La médiologie s’occupe justement des médiations et de ce qu’elles « font »par elles-mêmes aux messages et autres discours, et à ceux qui les reçoivent, outre les effets visés par ceux qui les opèrent…

« Car il ne s’agit plus de déchiffrer le monde de signes mais de comprendre le devenir-monde des signes, le devenir-Église d’une parole de prophète, le devenir-École d’un séminaire, le devenir-Parti d’un Manifeste, le devenir-Réforme d’un placard imprimé [les 95 thèses de Luther], le devenir-Révolution des Lumières, aussi bien que telle ou telle anecdote contemporaine, le devenir-panique nationale d’une émission radio d’Orson Welles aux U.S.A. (...) Disons : le devenir-forces matérielles des formes symboliques. »
(Régis Debray, Manifestes médiologiques, p. 17).

Les signes « agissent », en ce sens qu’ils nous affectent. Ils nous informent, nous émeuvent et nous meuvent, même quand ils désignent des êtres qui n’existent pas : l’ogre fait vraiment peur aux petits enfants ; et les discours nous font marcher, au sens propre (défiler) et au sens figuré (croire).

Car non seulement les signes agissent (sur les humains), mais les noms et les personnages qu’ils désignent contribuent à une espèce de « création continuée » (dans le monde réel), à l’image de ces êtres hybrides dits symboliques, mi-réels, mi-imaginaires, créés par les hommes, à partir d’un substrat naturel (le singe nu), tels le « roi » couronné, ou de collectifs, telle la « France » qui nous affectent après une « éducation » appropriée (les cours d’histoire et le patriotisme enseigné à l’école).

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