La frontière est donc en quelque sorte un concept « dialectique » : amputée de l’un de ses termes, elle dégénère. Une frontière que l’on ne passe pas s’appelle un mur.
On comprend bien ce que veut dire « mur de la honte », tandis que « frontière de la honte » n’a pas de sens.
Or, depuis la chute du mur de Berlin et l’abolition de tant de frontières, en Europe notamment, des murs s’érigent sur tous les continents et jusqu’au cœur des villes. Mais un mur peut regagner un peu de la dignité attachée à la frontière lorsqu’il est percé d’une porte que l’on peut ouvrir ou fermer.
A contrario, abolir les frontières « pour permettre la rencontre et l’échange de toutes nos différences » conduit à une pure aporie : les « différences » ne sauraient en effet naître et se perpétuer qu’à l’abri d’une frontière concrète ou abstraite et leur rencontre la requiert logiquement.
Abolir toutes les frontières « pour permettre la rencontre et l’échange de nos différences »… À ceci près que ce sont précisément les frontières qui permettent « la rencontre et l’échange » de « différences » dont on voit mal comment elles pourrait naître et se perpétuer sans frontière et survivre à l’abolition de toute frontière. La mouette (de Kant) déplore que l’air qui soutient son vol la ralentisse…
Accueil > Les temps qui viennent > Soft power > Frontières
Espace
Frontières
par
25 septembre 2020, modifié le 30 juin 2024
L’essence même de la frontière est de réunir de manière indissociable deux notions généralement opposées : la séparation et le passage.
Un message, un commentaire ?
Envoyer un message à l'auteur : Contact